Muse – The 2nd Law

Genre: Muse                     ©2012

Que représente Muse aux yeux du monde en 2012? Un trio de musiciens talentueux complètement paumé après avoir tant donné sur ses deux premiers albums ou au contraire, utilisant son génie pour faire ce qu’il lui plaît tout en essayant de faire avancer les choses? Un peu des deux. Il faut dire que chaque album de Muse a fait impression, souvent de manière négative à partir de Black Holes & Revelations (2006) car délaissant le rock progressif nerveux au profit d’horizons parfois très (trop) pop et symphoniques. Les gros riffs sont passés au second plan, ce qui n’a pourtant pas empêché les deux dernières oeuvres d’apporter du frais, quelque soit l’avis de la critique. Muse est un OVNI musical, c’est un fait. Personne ne sait à quoi s’attendre les semaines précédents la sortie d’un album du trio britannique.

Matthew Bellamy évoquait il y a environ deux ans que The 2nd Law, qui ne portait pas encore de patronyme, serait imprégné de la culture asiatique. Après le flamenco (BHR) et le r’n’b (« Undisclosed Desires » sur Resistance), on s’attendait donc à voir arriver un peu de sitar, de shamisen, de gong ou de sheng histoire d’oublier l’épisode électro-musique « commerciale » contemporaine un peu fade de l’avant-dernier album. Mais non. Une fois de plus, le trio a suivi son instinct et pondu pour le coup l’opus le plus soft de sa carrière. Pour la première fois, pas de limite metal, mais une avalanche d’effets spéciaux visant un son imposant et des titres chargés en mélodies. Un premier extrait, tiré de « Unsustainable », apparu au début de l’été dernier, laissait prétendre une direction résolument dubstep, à notre grand désarroi. Fort heureusement, il sera le seul titre issu de la culture Skrillex dans The 2nd Law. Vint ensuite « Survival », composé pour les J.O, sorte de Queen version 2012 beaucoup plus évocateur et rassurant avec des choeurs bien ficelés, sans conteste l’hymne rock des grandes vacances. L’ouverture « Supremacy » est agréable à écouter, mais ne représente pas le meilleur exemple de l’évolution de Muse, contrairement aux deux morceaux suivants, l’un évoquant George Michael (« Madness », pompeux au premier abord puis finalement bien intégré malgré une certaine platitude) et l’autre Prince (« Panic Station », LE tube de The 2nd Law, bien funky). Quasiment absente sur les deux disques précédents, l’influence majeure qu’est Radiohead revient de plus belle (« Animals », « Explorers » à la mélodie rappelant fortement celle de « Invincible » sur BHR), comme quoi il est souvent difficile de tirer un trait sur le passé. Pour en revenir aux nouveautés, celle-ci ne concerne pas le son mais plutôt l’engagement de Chris Wolstenholme en tant que compositeur-interprète de deux chansons, la rythmée « Liquid State » et la plus calme « Save Me » que la pourtant belle voix (plus que celle de Bellamy?) ne parvient pas à étouffer une certaine mollesse. Avec cette dernière, « Follow Me » et « Big Freeze » rejoignent le clan des pistes sans grand intérêt, peu riches en accroche. On commence à avoir l’habitude de ce genre d’écart avec Muse, donc au lieu de cracher sur ces morceaux, on les laisse défiler sans vraiment les écouter.

Encore une fois produit par le groupe lui-même, The 2nd Law n’échappe à aucune règle: de la musique radiophonique mais non-dénuée de qualités. Le section rythmique Dominic Howard/Chris Wolstenholme se fait souvent petite et pourtant, on ne peut que saluer une partie du travail accompli. Une pochette pas forcément attirante, mais cachant tout de même une série de surprises qui devrait satisfaire les amateurs du Muse novateur, celui qui emmerde les critiques et les fans n’ayant toujours pas compris pourquoi il n’y a pas de Showbiz#2 dans les bacs. Plus soft mais moins « tout public » que The Resistance, voilà ce qui me permet de dire que le trio londonien n’a pas sorti son pire album. Loin de là.

Noisyness.

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