Alice Nine – Gemini

Genre: J-rock                         ®2011

Avec un bon paquet d’albums sorti depuis sa formation en 2003, Alice Nine a fini par s’imposer sur le podium des artistes rock les plus talentueux du territoire japonais aux côtés de Dir en Grey, Miyavi ou Versailles (et bien d’autres encore). S’étant débarrassé de ses racines nü-métal depuis l’excellent Alpha, le groupe officie aujourd’hui dans un registre dynamique, très rarement violent et sombre,  que la somptueuse voix de Shou porte à son paroxysme. Un album tous les deux ans pour cette formation qui ne fait rien dans la précipitation de sorte à nous sortir une petite bombe à chaque livraison. Gemini n’enfreint nullement la règle et arrive même à surpasser son prédécesseur pourtant loin d’être indigeste.

Là où beaucoup de groupes internationaux tournent en rond dans leur formule, Alice Nine innove dans son style les doigts dans le nez. Grâce à ses deux guitaristes virtuoses, Tora et Hiroto, les mélodies accrocheuses sont incessantes, et on ne pourrait que très difficilement leur reprocher un tel excès d’inspiration. Pas un titre n’est à jeter sur Gemini, puisque le groupe a su faire preuve d’une hétérogénéité maîtrisée, ce qui offre un repas vraiment exquis de bout en bout. Plus efficace que Muse? Ce n’est pas impossible à l’écoute de perles comme la douce introduction « I » avec une prestation incroyable de Shou ainsi que les bonnes enfants « Stargazer » et « Shinkirou »  qui ont chacune leur mélodie qui reste encré quelque part dans notre mémoire avec leur riff efficace respectif. Les amplis sont poussés à fond sur les plus nerveuses « Rumwolf » et « King & Queen » sans oublier la heavy mélodique « Senkou ». Un peu de pop pour ajouter du sucre à un dessert qui est pourtant loin de la guimauve à laquelle on peut s’attendre avec « 4U » et « Kazerin », et nous voilà déjà au moment fort de l’opus:  la triplette « Eternal »/ »The Void »/ »The Lud » sur laquelle plane des bribes de sonorités métal possède les meilleurs refrains de Gemini, ceux qui mettent la pêche autant qu’ils font voyager, cette fois c’est certain, Alice Nine est grand et ne cessera certainement jamais de nous étonner. Final intéressant avec « Birth in the Death » qui tape un peu dans l’expérimental des derniers Linkin Park mais avec une mièvrerie mise en veilleuse.

Un pur régal de cinquante minutes de la part d’un groupe qui frappe très fort pour cette année 2011, tous genres confondus. Bravo.

Laurent.

Versailles – Jubilee

Genre: Visual Kei                                ® 2010
Il existe un style de musique propre à un pays à part dans ce monde, le Japon, que l’on catalogue de Visual Kei. Au départ, le terme a été utilisé pour désigner un courant artistique lancé par le groupe X-Japan, la référence même, qui s’inspirait du glam rock avec ses tenus extravagantes, puis le terme s’est étendu également à leur musique déjantée, mais d’une classe indéniable. Un mouvement est né.

Versailles (Philharmonic Quintet) est un groupe tout frais, puisqu’il n’a été formé qu’en 2007. Nous connaissons tous le bagout des japonais pour la France, inutile d’hésiter sur la provenance du nom, il s’agit bien d’une référence à notre immense château, et surtout à l’époque classique. Car Versailles, plus qu’un simple groupe de rock/métal, mêle habilement grosses guitares et influences LouisXIVennes, qui le démarque des 50000 autres groupes nippons.

Jubilee est donc le troisième album de Versailles, après un Noble qui m’avait personnellement pris aux tripes. Le groupe, mené par un frontman d’exception, Kamijo, apporte une nouvelle fois son lot de fraîcheur dans l’univers du rock.

Un morceau d’entrée, « God Palace -Method of Inheritance-« , fait office d’entrée copieuse avec ses 10:30. Une intro en choeurs, suivie d’un bon riff efficace et d’un clavier très bien dosé. Kamijo entame le pas avec une phase mélancolique, formidablement chantée.

« Ascendead Master » est plus rentre-dedans, mais toujours dans la même tonalité symphonique. « Rosen Schwert » est plus encrée métal, plus proche de l’univers manga. « Ai to Kanashimi no Nocturne » apporte une touche speed-mélodique appréciable, toujours avec un Kamijo jamais en déroute. Le tire « Amorphous »,  fort de la présence d’une guitare sèche et d’un violoncelle, n’est pas très loin du rock progressif. « Reminiscence » fait office d’interlude, morceau instrumental folklorique qui donne une âme d’enfant à l’auditeur, mais sans pour autant être niais.

L’album continue avec « Catharsis », titre entêtant qui est un pot-pourri des morceaux précédants, avec des solis mélodieux.

« The Umbrella of Glass » est plus teinté pop, morceau lent mais varié avec un passage flamenco inattendu. « Gekkakou » est un véritable lâché des tripes du groupe, colérique et sensuel à la fois, on sent vraiment une maîtrise des instruments et une volonté de faire passer un message (que je ne peux malheureusement pas traduire, ne comprenant pas le japonais)

« PRINCESS » et son côté épique nous laisse imaginer que Kamijo est prêt à tout pour vaincre le méchant dragon et retrouver sa bien-aimée, les instruments portant à merveilles ce conte.

La balade « Serenade » est tout sauf une serenade justement, pas d’escroquerie ici, l’émotion est toujours aussi bien transmise.

L’album de finit sur « Sound In Gate » qui pourrait faire office de B.O de jeu vidéo ou même de film, morceau atypique du groupe mais qui n’est pas hors contexte non plus.

Alors voilà, Versailles a de nouveau pondu quelque chose d’efficace et original, au même titre que Dir en Grey dans un autre registre, la seule différence notable est que les Versailles sont bien plus inspirés pour les pochettes (celle de Jubilee dépasse toute concurrence) . Difficile un peu de catégoriser ce groupe en profondeur, car il explore un peu les méandres du rock, du prog au speed, mais l’esprit Visual Kei est bien là, je vous laisse regarder les vidéo-clips non dénués d’imagination.

8/10

Laurent.

D’EspairsRay – Monsters

Genre: Métal industriel                             ® 2010

Les D’EspairsRay (désespoir/lueur) sont de retour avec un album qui révèle enfin leur vrai nature. Ni trop mélancolique, ni trop lumineux, les nippons ont sû doser parfaitement leurs influences récentes avec la rage du passé dans ce Monsters. On a affaire ici à du lourd, du sombre, à un bon gros son rock parfois métal mêlé à des beats électro et au chant torturé de Hizumi.

Le titre d’ouverture « Human-clad Monster » nous met tout de suite dans le bain avec son rythme effréné. Les titres qui suivent l’album sont de la même trempe. Le single « Death Point » est des plus classiques dans la forme mais reste des plus efficaces dans le fond, surtout grâce à la performance vocale de Hizumi. « Thirteen » est le morceau industriel par excellence: Tsukasa nous développe un martèlement assassin de ses fûts, où la rythmique se veut constante et entêtante.

On a le droit à un peu de fun avec « Love is Dead », titre un peu à part car plutôt « pop » mais qui a grandement sa place dans cet album, qui passerait crême dans une soirée dansante. « Devil’s Parade » est très typé Nü-métal, mais les riffs et sonorités accrocheuses sont toujours présentes. « Dope » est surement le titre qui, bien qu’entraînant, est le plus sombre.

Petit tournant avec « Falling » un peu dans l’esprit de Redeemer (2008), mais toujours avec cet univers ténébreux qui fait la force de ce Monsters. Les deux titres suivant sont dans la même trempe que « Falling », rien de bien particulier si ce n’est des rythmes toujours entraînants.

Le morceau qui termine l’album; « Abyss », débute en mélancolie pour monter en crescendo et donner un final intense, comme un adieu à la lumière pour une descente interminable dans les abysses à la rencontre des fameux monstres.

Un groupe un peu à part de la scène japonaise, qui malgré ses tenus excentriques, ne se revendique pas comme faisant partie du mouvement « Visual Kei », un peu comme ses compères de Dir en Grey, où les influences se rejoignent parfois. Album marquant de la carrière du groupe, juste bravo.

8/10

Laurent.