Turisas – Stand Up and Fight

Genre: Battle métal                 ®2011

D’une manière générale, les êtres humains apprécient, même à petite dose, les musiques présentes dans nombreuses superproductions hollywoodiennes, ces thèmes abordés bien souvent par des claviers et des percussions qui font office de génériques ou de piments à des scènes d’action. Alors que se passe-t-il quand le métal vient se mêler à l’histoire? Et bien ça donne Turisas, groupe finlandais qui a pris l’habitude d’en mettre plein la vue aux amateurs de grosses orchestrations symphoniques sur fond de grosses rythmiques assassines. Il faut dire que le groupe a pris un virage sec avec The Varagian Way en passant d’un style mélangeant Amon Amarth et Finntroll à un «epic battle metal» comme on s’amuse à l’appeler.

Quatre longues années et voilà qu’apparaît Stand Up and Fight, la suite tant attendue de cette épopée guerrière. Autant dire que la bande au «Warlord» a donné son maximum dans les arrangements pour un final des plus professionnels qu’il soit. C’est proprement mixé par Jens Bogren (Symphony X, Opeth), sans temps mort, on se prend souvent à repenser à des péplums comme Spartacus ou d’autres blockbusters où John Williams et autres Hans Zimmer nous ont charmés de leurs musiques d’une rare intensité. D’ailleurs, Warlord a tellement insisté sur le côté épique qu’il en a oublié les origines métalliques de son groupe, car même si le son global est remarquable, les guitares se situent tout de même un peu trop en arrière-plan.

Un peu plus court que ses prédécesseurs, ce troisième album à le mérite d’être homogène sans pour autant être rébarbatif. Aucun titre ne dévalue l’intégralité de l’engin, au contraire des hymnes à la joie comme «Hunting Pirates» -tiens, ça ressemble étrangement à Alestorm- et «Venetoi-Prasinoi!» ou encore «End of an Empire» relèvent d’un degré d’inventivité hors-norme, et le chant du frontman alternant férocité et poésie n’est jamais en décalage avec l’orchestration.

Mais malgré tout cet attirail, il faut se rendre à l’évidence, les accrocs aux instruments traditionnels resteront sur leur faim à ce sujet, de même que cette superproduction rebutera certainement les adeptes de groupes plus «underground», plus crades, plus…métal. En revanche, tous les amoureux de l’histoire des Croisades n’hésiteront pas à enfiler leur amure achetée dix euros dans un magasin de jouets, et c’est ça le principe de la musique, c’est de la vivre plus que de ne l’écouter.

Finalement, même si le verdict est un peu flou, on ne peut contester une grande inspiration au sein de Turisas, qui aime s’éloigner un peu plus à chaque fois des conventions, et qui se place en haut de la liste en compagnie de Rhapsody Of Fire en matière de métal épique. Et puis, on a rarement reproché à James Cameron d’en avoir fait trop avec son dernier film, donc pourquoi s’en prendre à nos chers amis danois? Pas de quartier, la sentence ne fait que commencer!

Laurent.

Tarja – What Lies Beneath

Genre: Métal lyrique                     ® 2010

Il fût un temps où le Métal symphonique était dans le sillon d’un seul groupe, Nightwish, qui a popularisé le genre avec des albums comme Century Child (2002)  et surtout Once (2004) devenus rapidement des mythes. La particularité de ce groupe qui a fait son succès est d’une part l’assemblage des claviers avec une grosse rythmique, mais également le lyrisme apporté par la talentueuse Tarja Turunen, dont nous allons nous intéresser de suite.

En 2006, la chanteuse décide de quitter le navire Nightwish suite à des divergences musicales avec le guitariste Erno Vuorinen. Elle enregistre quelques mois après son premier album solo, Henkays Ikuisuudesta, dont le succès n’eût lieu que dans son pays natal, la Finlande. My Winter Storm (2007) avait remis les pendules à l’heure en proposant un retour aux sources (comprenez par là du Nightwish!) mais dans une version plus personnelle de Tarja.7

Et voici donc What Lies Beneath, plutôt attendu du public métal. Et cette attente en valait la chandelle. Il y’a ici une évolution notable dans la musique de Tarja. Là où les thèmes de la mythologie et du fantastique étaient présents sur ses précédents albums et chez Nightwish, elle explore ici les thèmes de </span>la peur, du mensonge, de l’illusion, de l’espoir, la quête de la vérité et son univers intérieur marqué par la souffrance et la solitude. Un registre très « gothique » inclût dans une recette métal symphonique néanmoins prédominante.

Du gros métal (« Until my Last Breath », « Little Lies », « Falling Awake » avec sir Joe Satriani en invité) au lyrique pur (« I Feel Immortal », la magnifique « Underneath », « Rivers of Lust », « The Archive of Lost Dreams ») en passant par des morceaux hybrides (le titre d’ouverture et surement le plus étrange, « Anteroom of Death », « Dark Star », et le titre clôturant l’album, « Crimsom Creep, très bien choisi), Tarja met en avant des émotions comme elle seule sait le faire. C’est d’ailleurs le fil conducteur de cet album, car pour ce qui est de l’accompagnement musical, il est certes très correct, mais pas non plus remarquable. Tout l’intérêt de What Lies Beneath se porte sur la voix de cette diva du métal qu’est Tarja Turunen, car si musicalement il n’y’a rien de bien innovant, elle seule suffit à nous emporter dans cet univers épique et émotionnelle.

Laurent.

Indica – A Way Away

Genre: Pop-métal symphonique   ® 2010

Girls, girls! En voilà une sacré surprise! Laissez-moi vous présenter ses gaillardes finlandaises, aussi plaisantes à regarder qu’à écouter.

Le girls band existe depuis 2001, mais est toujours resté dans l’ombre. Mais avec ce A Way Away, plus question de ne plaire qu’aux murs, car pour commencer ce brûlot n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd.

Voilà ce qui se passe: Indica, c’est la rencontre inédite entre Lily Allen et Nightwish. C’est d’ailleurs Honopainen, le clavériste de ces derniers, qui officie dèrrière les manettes pour une prod’ en béton. Et pour rajouter une couche de crème, les minettes ont récemment signé chez Nuclear Blast, THE label teuton.

Lançons-nous dans une brève analyse: tout d’abord, le terme « pop » n’a absolument rien de péjoratif, oubliez vite le côté ringard de la chose. Vous vous en rendre compte dès « Islands of Light » qui ouvre le ballet. Ce morceau nous offre toute son intensité enchanteresse, grâce à des mélodies symphoniques, puissantes et envoutantes, complétées par la voix ravissante de Jonsu pas très loin de miss Allen (drôle de référence, mais qui tient la route). S’ensuivent « Precious Dark » qui sent le tube à plein nez avec son piano, « In Passing » qui est surement le plus pop mais pas le moins intéressant, « Lilja’s Lament » qui met le talent de Jonsu en avant, toujours accompagné par les claviers,  les décoiffantes « Scissor, Paper, Rock » et « Straight and Arrow », et la mélancolique mais délicate « Eerie Eden » qui clôt ce bijou.

Indica va faire des échos avec ce A Way Away. Ce que je souhaite avancer avant d’en finir, c’est que les filles en général ont un potentiel énorme niveau musique, et qu’elles ne sont pas toutes ringardes lorsqu’elles tiennent une gratte ou un micro. Il y a un véritable problème dans ce monde qui me semble un peu trop misogyne.

Enfin voilà, au risque de me répéter, Indica a trouvé la clef de son futur succès. Et ça ne peut qu’exciter les ardeurs.

Laurent.